Rencontres prénatales « Futur père »

Un papa, ça sert à quoi ?

C’est un fait. La grande majorité des femmes se sentent mère dès le moment où elles apprennent qu’elles sont enceintes. Le plus souvent, par contre, pour l’homme, le fait de se sentir père ne coïncide pas avec l’annonce ; cela reste encore l’exception à la règle. Comment en serait-il autrement, puisque pour lui, cet enfant va rester quelque chose d’abstrait pendant de longs mois encore ? Il sentira un peu plus son rôle de père à chaque événement qui lui donnera un aspect concret. On peut commencer à se sentir père à différents moments : au test de grossesse, à l’échographie, quand on sent le fœtus bouger, à l’accouchement, en coupant le cordon, et, pour plusieurs, l’accomplissement se produira en prenant l’enfant pour la première fois dans ses bras, L’apport du père, dès le plus jeune âge, ne semble plus être un sujet de débat. Par sa façon de le prendre, ses jeux, son dialogue avec bébé, il contribue à son développement psychomoteur, il renforce l’estime de soi. Il contribue à développer une capacité saine d’attachement. L’enfant reconnaîtrait immédiatement qui le tient à la manière dont il est porté. Le père a plutôt tendance à le placer contre son cou et à le soulever en l’air, alors que la mère le garde davantage contre elle. L’homme semble également bercer plus fréquemment verticalement quand la femme berce plutôt à l’horizontale.

Développer sa motricité

Très vite le papa a besoin de tester la tonicité de son bébé. Il a à cœur de vérifier qu’il tient bien sa tête, qu’il parvient à se mettre en position assise ou à se tenir debout sur ses jambes. Dès qu’il est mobile, la mère sera davantage préoccupée par les accidents, pourra se montrer trop protectrice, quand le père l’encouragera davantage à explorer son environnement (1). Une étude a démontré que les enfants dont le père était très présent avaient un meilleur quotient de coordination vision-préhension, utilisaient mieux leurs jambes et leurs bras pour résoudre des problèmes concrets (2).

Favoriser le développement cognitif

Le psychologue Jean Le Camus observe que les pères encouragent plus et gratifient moins que les mères, en ayant moins tendance à intervenir pour résoudre les difficultés à la place de l’enfant (3). Ils lancent plus de défis, créent davantage d’incidents, glissent des taquineries qui inciteraient l’enfant à s’adapter davantage. S’agissant du langage, le vocabulaire n’est pas le même que celui de la mère. Le père est souvent plus technique et il a davantage recours aux clarifications, incitant l’enfant à soigner son expression. J. Le Camus souligne également que, pour la mère, la communication privilégie plus l’enveloppement physique et affectif. Le père est plus imprévisible, plus saccadé, plus brusque.

Encourager la sociabilité

La présence du père durant les deux premières années semble sociabiliser davantage l’enfant. Il sera plus confiant et plus entreprenant en présence d’une personne étrangère (4). Par le jeu, voire du combat simulé pour les garçons, le lien développé avec son père lui donne confiance et renforce l’estime de soi. Pour le pédiatre Philippe Grandsenne (5), le père est celui qui indique la voie de la sociabilité. De par sa relation différente avec l’enfant, il fait la transition entre la famille et la société. Pour conclure, le père finit par trouver la place qui lui revient, lorsqu’il reste lui-même, tout en s’harmonisant avec la maman. L’équilibre survient lorsque le père peut prendre sa place et que la mère apprend à lui en laisser. Ce qui est recherché par la grande majorité des nouveaux parents, c’est cette fameuse complémentarité père/mère. Les enfants ont besoin : de constance, de stabilité, de sécurité, de se sentir en confiance, de compter sur leur père et leur mère ; de se sentir important, reconnu, valorisé, d’être eux-mêmes avec le droit de s’exprimer, de sentir qu’ils ont une place dans la famille ; de sentir de l’harmonie et de la complicité entre leur mère et leur père ; de sentir de la cohérence entre leur mère et leur père, d’avoir des règles de vie, des balises claires, des structures ; de concordance, d’authenticité, de personnes vraies, de transparence, de modèles, de personnes à qui s’identifier ; d’avoir la liberté d’aimer leur mère et leur père, de ne pas se sentir pris en otage entre les deux.

 

Extrait du site : bebevallée.com (1) « Le père et son enfant », Fitzhugh Dodson, éditions Marabout. (2) « Elever bébé », Marcel Rufo, éditions Hachette. (3) « Comment être père aujourd’hui », Jean Le Camus, éditions Odile Jacob. (4) «The role of the father in the development of stranger sociability during the second year », S. Kromelow, American Journal Orthopsychiatry 1990. (5) « Bébé dis-moi qui tu es », Philippe Grandsenne, éditions Marabout. (6) Martin Duclos M.Éd., psychoéducateur

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